Autodéfense sanitaire en temps de pandémie

La pandémie de COVID-19 n’est pas terminée.

La majorité de la population a simplement décidé de faire comme si ce n’était plus un problème, en prétextant qu’il y avait des vaccins maintenant, en feignant d’ignorer l’existence des répercussions à long terme, en se rassurant que ça ne concerne que les personnes fragiles (et qu’après tout les fragiles peuvent bien crever), bref en se vautrant dans le déni et l’eugénisme. La désinformation règne tellement qu’il est même difficile de trouver des médecins avec les yeux en face des trous.

La réalité est que le COVID-19 est toujours un danger majeur, que les retombées d’infections répétées sont, de ce que l’on sait à l’heure actuelle, extrêmement dangereuses. De nombreuses personnes jeunes et précédemment en excellente santé font “mystérieusement” des crises cardiaques. Il n’y a pas besoin d’être à risque pour potentiellement subir des conséquences graves à la suite d’une infection !

Quand bien même, protéger les plus vulnérables devrait être un motif suffisant pour continuer à prendre des précautions élémentaires…

Je comprends aisément que la plupart des gens n’aient pas envie de flinguer leur vie sociale en continuant à s’isoler ; l’isolation est en soi un danger, je le concède. Cependant, continuer de masquer dans les pharmacies, les cabinets médicaux, et les transports où l’on va statistiquement forcément tôt ou tard côtoyer quelqu’un de malade, ce n’est quand même pas la mer à boire. Je pense que même si l’on limitait le fait de masquer aux périodes symptômatiques, c’est-à-dire quand on se sent un peu plus fatigué·e, que l’on tousse, que l’on se mouche ou autre, cela serait déjà un pas en avant.

Alors comment continuer à vivre en temps de pandémie, alors que quasiment tout le monde a cessé de porter un masque ? Voici quelques suggestions. Ce n’est pas exhaustif bien sûr, n’hésitez pas à laisser en commentaires vos propres observations.

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Avoir de bonnes conversations sur internet bien que…

Cet article est une traduction du court article de Real Social SkillsHaving good conversations on the internet even though it’s full of jerks” (“Avoir de bonnes conversations sur internet bien qu’il y ait plein de personnes pénibles”), publié en août 2020 (vous pouvez lire l’original en anglais ici).

Comme pour la précédente traduction ; si vous notez une erreur de traduction ou une amélioration possible, n’hésitez pas à laisser un commentaire, ce n’est pas malvenu.

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Qu’est-ce qui est “safe” ?

L’utilisation d’anglicismes là où des alternatives existent m’agace quelque peu, d’une part parce que je trouve ça assez excluant pour les gens qui ne sont pas anglophones, d’autre part parce que bien souvent, lorsque l’on emprunte un mot à l’anglais à l’arrache, une partie du sens se perd ou il finit par être complètement dévoyé. Un exemple de cela est le terme safe, qui pourrait se traduire comme “sécure”, “en sécurité”, qui est systématiquement utilisé à toutes les sauces par beaucoup de gens, que ce soit pour le prôner ou pour le critiquer de manière acerbe.

Mais qu’est-ce que le safe ?

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De la culture du viol et des généralités abusives

[Avertissement de contenu : cet article traite de culture du viol et des discours entourant la gestion de crise après des agressions ou viols]

Edit 2022 : cet article existe maintenant sous forme de PDF, en version page par page ou brochure, disponible ici. Merci à la distropouet pour le taf de mise en page !

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Prédation éphébophile et mauvaise foi

S’il y a un sujet qui met tout le monde à cran en un temps record, c’est bien la prédation éphébophile. Tout le monde veut absolument avoir un avis dessus, car tout le monde s’estime légitime à en avoir un, et on entend parfois des aberrations sans nom. J’écris cet article avec colère, épuisement, et lassitude. Mais j’espère pouvoir m’exprimer avec clarté et faire réfléchir sur ce sujet, car il y en a bien besoin.

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Quelques réflexions sur les abus pédophiles et éphébophiles

Cela fait plusieurs années que je songe à partager quelques réflexions sur un sujet très difficile à aborder pour moi. Je l’ai fait dans un fil Twitter que je paraphraserai dans cet article.

[Avertissement de contenu : abus sexuels, pédophilie, éphébophilie, culture du viol, victim-blaming]

Si vous êtes vous-même survivante d’abus, je vous encourage tout particulièrement à prêter attention aux avertissements de contenu ci-dessus. Si ce n’est pas le bon moment pour lire cet article, ne forcez pas, procédez avec précaution. Il peut être utile de prévoir d’être épaulé·e après la lecture, de planifier une activité qui vous aide à évacuer les émotions que cela aura peut-être remué… Je vous encourage avant toute chose à prendre soin de vous.

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Fiche d’information sur le trauma

Je recommande régulièrement le travail du Dr Igor Thiriez, psychiatre qui publie sur son blog un grand nombre de fiches informatives précises et synthétiques. Définition de la dépression ou de la manie, tableau comparatif des effets de différents médicaments, exercices pour gérer l’agoraphobie, techniques pour gérer l’insomnie… C’est très complet et diversifié.

La plus récente fiche traite du stress post-traumatique ! J’ai eu l’immense plaisir d’apporter ma menue contribution à son élaboration.

J’aurais tant aimé avoir accès à ce type de ressources il y a cinq ou dix ans. Je me réjouis que cela existe à présent. Bonne lecture à tous·tes !

Évaluer sa douleur

Il y a eu des remarques intéressantes au sujet de la douleur sur Twitter récemment (par exemple ce fil de Neiko). Pour quantifier la douleur et en communiquer l’intensité, il est courant que l’on demande aux patient·e·s de la noter sur une échelle de 0 à 10. Malheureusement, cela n’est pas toujours approprié pour simplifier la communication, pour plusieurs raisons.

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Bonus ou conditions associées

Le terme de “co-morbidités” est couramment utilisé pour désigner une condition qui en accompagne une autre (par exemple, autisme et dépression, autisme et SED, trouble anxieux et TOC, etc). Ce terme a une connotation quelque peu péjorative hors du milieu médical, le terme “morbide” ayant des évocations assez glauques. Récemment, des amies et moi réfléchissions à une alternative : “conditions associées”, même si c’est un peu plus long, a le mérite d’être clair et non pathologisant. Quelqu’un a suggéré “bonus”, ce qui m’a fait rire : pour un contexte plus décontracté, cela me semble approprié !

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Amalgames psyvalidistes et misogynie

Récemment, j’ai discuté avec quelqu’un de la différence entre troubles psychiques et comportements abusifs. Mon interlocuteur semblait penser que les deux allaient de pair, que les troubles psychiques amenaient forcément à des comportements abusifs. C’est une idée extrêmement répandue aux ramifications particulièrement dangereuses, notamment en termes de justification des violences genrées.

Le cliché du “fou dangereux” est tenace. Le sujet a déjà été abordé maintes fois par des personnes neurodivergentes : l’excellent article “Qui est le fou dangereux ?” de SEA en est un exemple parmi d’autres, on pourrait aussi citer celui-ci par Dandelion.

Outre la parole des personnes concernées sur le sujet, de nombreuses études ont montré que les personnes ayant des troubles psychiques représentent seulement 3 à 5 % des actes de violence en général. Le lien entre dangerosité et troubles psychiques n’est pas scientifiquement avéré. La prédiction d’un pronostic de dangerosité par des professionnels n’est correcte que dans un tiers des cas, avec une nette tendance à la surestimation de cette dangerosité (source : Psycom).

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