L’autisme ne pousse pas à faire des saluts nazis.

Le 20 janvier 2025, lors de l’investiture du 47ème président des États-Unis, Elon Musk a donné un discours au cours duquel il a réalisé un salut nazi. Voici ce qui figure, au 1er février lorsque j’écris ces lignes, sur la page Wikipédia de la seconde investiture :

“[…] le multimilliardaire Elon Musk effectue ce que certains ont interprété comme un salut nazi quand d’autres n’y ont vu qu’un geste maladroit qui serait dû à son autisme.”

C’est un peu fort de café, un salut nazi accidentel pour cause d’autisme, non ? Tout d’abord, qui en 2024 ignore ce qu’est un salut nazi ? Par ailleurs, on parle de l’homme le plus riche du monde, qui a 53 ans, et qui est extrêmement, indubitablement proche de l’extrême-droite depuis plusieurs années. Il serait trop long de faire une liste exhaustive, mais suivent quelques points saillants.

Il soutient l’activiste d’extrême-droite Jake Angeli à la suite de l’assaut du Capitole. Il soutient des climatosceptiques conservateurs tels que le milliardaire Vivek Ramaswamy. Il soutient des politiques transphobes, notamment en mentant éhontément sur son propre vécu et celui de l’une de ses filles qui est une femme trans. Il soutient des néonazis avérés en permettant leur réintégration sur X après bannissement pour appel à la haine. Il soutient explicitement un parti allemand d’extrême-droite, en disant que “Seul l’AfD peut sauver l’Allemagne” et en écrivant un op-ed en leur faveur dans un journal allemand ; lors d’une conversation avec la dirigeante du parti Alice Weidel, il acquiesce lorsqu’elle décrit Hitler comme socialiste. Alors que les appels à la haine de néonazis sont vus avec complaisance sur X, Musk annonce que les déclarations contre le génocide du peuple palestinien seraient fermement punies par une suspension sur X.

Il n’a rien d’ambigu dans le positionnement actuel d’Elon Musk, politiquement parlant. Quant au salut nazi, quelle que soit la signification réelle qu’il y met derrière, son geste a été largement accueilli et célébré par l’extrême-droite et les néo-nazis. Il n’a lui-même pas nié les faits, se contentant d’ironiser sur le sujet.

Elon Musk s’est autodiagnostiqué autiste, déclarant en 2021 qu’il avait le syndrome d’Asperger. Je trouve d’ailleurs intéressant de noter que là où les critiques sont d’habitude vives sur l’autodiagnostic, ici cela ne semble poser problème à personne si cela peut permettre d’excuser le fascisme, mais passons : la réelle question à mon sens n’est pas de déterminer si Musk est oui ou non autiste, mais plutôt de discerner s’il est sensé d’excuser un geste fasciste par l’autisme.

La réponse, de mon point de vue, est clairement non. L’autisme, diagnostiqué officiellement ou non, n’est en aucun cas une excuse pour des agissements fascistes. Et je pense qu’il serait extrêmement naïf de considérer Musk comme un quelconque représentant pour les personnes autistes en tant que groupe social revendiquant des droits humains. Les personnes autistes, comme toutes les autres personnes handicapées, étaient des cibles du régime nazi. Le fameux Asperger qui a donné son nom au syndrôme a activement collaboré à l’extermination de personnes handicapées, et c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle un bon nombre de personnes autistes refusent de s’identifier via cette classification. Pour le dire simplement, personnes autistes, Musk n’est pas votre ami, n’est pas votre défenseur, et il est clairement prêt à jeter les personnes autistes sous le bus car, faut-il le rappeler, l’extrême-droite est profondément validiste et eugéniste (lire sur Aktion T4 si besoin !).

Il est crucial de ne pas essentialiser les personnes autistes, leurs éthiques et leurs morales, et de ne pas chercher à excuser l’inexcusable au nom d’un diagnostic quel qu’il soit. Il existe des personnes autistes fascistes et pro-génocide tout comme il existe des personnes autistes qui militent pour les droits humains. Ce sont des faits, il faut bien l’accepter et en prendre acte.